Les filles de Tara

2017
Projet en cours, Collecte de jarres d’Eumeninae, cuisson 1250°

Saint Laurent, hiver 17.
Dans les recoins du chalet, on trouve de minuscules pots en argile pas plus grands qu’une myrtille.

Ce sont de minuscules insectes qui ont construit l’enveloppe protectrice pour la gestation de leur progéniture, au Printemps dernier. Une fois sortie du pot, elle s’enterre jusqu’à la nouvelle saison, et retourne inlassablement à la recherche d’argile.
L’action de cuire ces jarres, c’est la fixation temporelle de ces pièces, leur inscription dans une recherche plastique, dans la conservation d’une collection.

Les Eumeninae ou guêpes maçonnes, sont là, et depuis deux-cent cinquante millions d’années en fait.
Elles montent leurs pots en colombins, et les chamottes avec du sable, avec la même gestuelle que les Hommes ont développés dans leurs céramiques.
Elle produisent ces sculptures en méso-Amérique, Chine, Inde, Mésopotamie, Afrique subsaharienne, bassin méditerranéen.
Nos civilisations ont peut-être tiré leurs premières formes d’art aux Eumeninae. En tout cas, dans chaque zone où l’homme est sorti de terre, elles l’ont fait avant nous.

Tara, c’est le mot en patois Alpin pour tout les types de pots.
C’est aussi le nom d’un ancien Dieu mineur du panthéon grec, se déplaçant à dos de dauphin, de villes en villes, pour transmettre aux Hommes les connaissances de la nature et de l’artisanat.

En un sens, Tara est un pont, qui lie le divin, l’animal et le monde des Hommes.